« Accepter sereinement de ne pas cantonner l’être humain à un sexe, cela reviendrait à étendre un peu plus le champs des possibles. Celui, donc, de notre liberté. Au-delà du masculin, du féminin."
Catherine Vincent.
« Je suis prisonnière du mot femme », dit la voix qui cherche à comprendre comment cette assignation au sexe féminin à la minute même de sa naissance, a déterminé tout son parcours : ses normes, ses cadres, ses modèles, ses aliénations consenties. Et comment, après cette prise de conscience, affûter sa pensée, interroger le langage et le corps, pour s’en affranchir, et se redéfinir avec d’autres critères, d’autres mots qui sont peut-être à inventer.
Loin d’être naturel ou inné, le « genre » s’acquiert peu à peu. L’environnement, la culture, la religion, l’éducation, la famille, les codes de la vie en société le construisent en chacun de nous dès la naissance. Ainsi nous avons tous intégré plus ou moins consciemment l’évidence de la différence sexuelle, l’image de ce que doit être une « femme » ou un « homme », ainsi qu’une définition implicite de ce qui est « féminin » et de ce qui est « masculin ».
Par la forme théâtrale, nous souhaitons susciter une réflexion sur la signification intime du fait d’avoir un sexe, et d’être identitairement constitué par ce sexe. Pour soi, et pour les autres. Qu’est-ce que ça inscrit dans l’histoire d’un parcours ?
Qu’est-ce que ça implique ? Quelle force a été cadenassée et/ou libérée dans un corps, du fait de son assignation à l’un ou l’autre sexe ? Et comment, par-delà le formatage des sexes et des genres, ouvrir des espaces vierges pour se penser autrement ?
Notre projet questionne la pertinence des modèles qui nous sont donnés à suivre, il ouvre à la possibilité de s’inventer plutôt que d’imiter. Nous amenons le fait qu’il n’y a pas UNE féminité et UNE masculinité, mais des rôles multiples avec lesquels il est possible de jouer. En les interrogeant, en les détournant, en se les réappropriant, il devient possible de se construire au-delà des clichés de la femme « féminine » et de l’homme « masculin ».